La vie du Blob du GAP47

La vie du blob du GAP47

 

Dans les textes en noir se trouvent les explications générales
Dans les textes en bleu, c’est Jean-Luc qui parle
Dans les textes en rouge c’est le blob qui “parle”

Bonjour, appelez-moi Blap47

Pourquoi un Physarum polycephalum dans les pages d’un site d’astronomie ?

C’est une histoire bien simple en fait. Elle commence lorsque Jean-Luc, éleveur de fourmis amateur, apprend qu’une expérience originale d’élevage est en préparation. En Avril 2021, le laboratoire d’Audrey Dussutour, scientifique spécialiste des fourmis et des organismes unicellulaires au CNRS de Toulouse, propose à des classes et à des scientifiques amateurs d’étudier le réveil et le développement de cet être étrange qu’est le “blob”. Cette expérience doit être programmée pour le mois d’octobre 2021, alors qu’à bord de la Station Spatiale Internationale, Thomas Pesquet fera la même chose.

Participer à l’étude du développement d’un blob, sur Terre et dans l’espace, en microgravité, est sans doute possible, une expérience passionnante.

L’histoire de Blap47

Les débuts : mai-juillet 2021

Blob sous forme de sclérote, c’est à dire qu’il est inerte, en sommeil !


Avril 2021

Ayant reçu son kit composé de 6 sclérotes (un sclérote est la forme desséchée du blob) de Physarum (3 australiens, 3 américains,) Jean-Luc décide de tenter de “réveiller” un blob, histoire de comprendre comment se passe l’opération et de se sentir prêt lors de la rentrée scolaire.

J’ai commencé l’expérience jeudi après-midi, sans succès. Aucune trace d’évolution du blob sur mes 48 photos et aujourd’hui je confirme qu’il est bien mort.

Les causes ? Peut-être pas assez mouillé, par peur de le noyer comme celui de Maximilien. Le sclérote était peut-être contaminé car il a été utilisé pour les nombreux essais de mise au point pour les prises de vue. La boîte de Pétri est restée ouverte longtemps.

Je renouvelle l’expérience dans la semaine si le matériel emprunté ne vous fait pas défaut. Je vous tiens au courant du résultat à venir.

 


07 Mai : Jean-Luc doit aller passer quelques jours en Haute-Savoie. Il décide d’y emporter le blob, pour continuer à le nourrir, et pour le montrer à sa petite-fille. Il supporte très bien le voyage mais au cours du séjour, c’est la catastrophe :

Comme vous le savez, le blob m’a accompagné en Haute Savoie. L’évolution dans la première semaine c’est très bien passée, j’étais même fier de le montrer à mes petits-enfants, Julia et Charlie et aux amis. Il occupait presque la moitié de la boite de Pétri, j’ai donc décidé de le couper en deux pour me donner plus de chance dans mes expériences.  Ensuite, malgré le mauvais temps, nous sommes montés au chalet, chez mes amis Thérèse et Gilbert à 1500 m d’altitude au-dessus de Combloux. Le chalet est chauffé avec un poêle à bois. Le matin le feu était mort comme de coutume, la température était de 7°, et de -2° dehors. J’avais mis les boites de Pétri près du feu, car j’ai remarqué qu’il aime bien les 22/25°. Au bout de deux jours les blobs ont stoppé leur croissance et une moitié a même disparu complètement ! Au bout d’une semaine, retour dans la vallée avec les quelques millimètres du blob restant. 

 


Juin :

Je suis à Fumel depuis mardi et il y a un semblant d’évolution. Les causes ? la fumée du feu de bois ? l’odeur de la fondue savoyarde ? trop froid ? la division en deux ?

Soulagement ; tout est rentré dans l’ordre.

En une semaine le blob est redevenu plus actif. Même très actif. Aujourd’hui changement de gélose, comme tous les 2 jours. A l’observation j’ai constaté qu’il est parti dans deux directions. Je décidé de refaire l’expérience en tentant de le diviser en deux. Donc maintenant il est dans deux boîtes de pétri différentes. Je vous informe de leur état dans les prochaines 48 h. Ce n’est pas gagné car c’est lui qui décide !

Il est tellement en forme qu’il accepte même les interviews après une première présentation à l’observatoire du GAP47.

Bonjour.
Hier, quand j’ai vu ces 7 paires d’yeux se pencher sur moi pour observer mon état, je me suis dit qu’il serait peut-être bon que j’arrête de faire n’importe quoi. Déjà que j’ai failli mourir en montagne. Mon apprenti biologiste qui s’occupe de me nourrir m’a sauvé la vie de justesse. Inutile de vous dire que j’ai tout entendu, vos admirations et échanges d’avis concernant mon avenir. C’est alors que j’ai compris que j’étais devenu quelqu’un d’important. Le soir venu mon maître me regarda fixement et j’ai senti qu’il souhaitait analyser la situation avec moi. C’est ainsi qu’il me proposa de me mettre dans un plus grand espace et de me laisser entier avec les anciens morceaux de gélose de jeudi car j’étais encore dessus et je lui ai promis de les quitter dans la nuit.
Ce matin mon maître a constaté que j’ai tenu ma promesse. Et m’a débarrassé de ces morceaux de gélose devenus inutiles. En échange, pour me remercier j’ai eu droit à un supplément de nourriture. Me voilà maintenant tranquille jusqu’à demain. J’ai appris également ce matin que mon frère jumeau qui était dans l’autre boîte de Pétri est mort, emportant avec lui les raisons de sa disparition !

Une fois le Blob sorti de son état de sclérote, il se réveille et va à la recherche de nourriture.

Malgré tout, l’expérience se poursuit avec succès.

Dans la journée de dimanche, il a bien évolué (je le nomme blob Alpha). Ce matin, j’ai tenté de faire 2 sclérotes par prélèvement et ce soir ils ont déjà occupé une bonne partie de la boite de pétri. Pour l’Alpha, tout va bien, son développement s’accélère, j’ai même l’impression qu’il prépare une évasion !! Je vais hausser le ton pour qu’il reste à sa place !! Demain, il va falloir lui trouver une boîte plus grande.  En tant que myrmécologue j’ai une réserve de boites de Ferrero Rocher qui me sert d’aire de chasse pour mes fourmis, je décide donc d’en utiliser une pour y placer le blob « Alpha ». Après une manipulation délicate le voici maintenant dans un espace plus grand. Concernant les 2 frères jumeaux, il faut attendre quelques jours pour voir si l’expérience a réussi.
En concertation avec l’équipe du GAP47, je décide d’appeler « l’Alpha » : Blap 47.

Après les premières photos, voici venu le temps des vidéos. Une photo toutes les 10 minutes pendant un ou deux jours pour faire une image animée, un “time-lapse”.

   Ci-dessus le Blob de Maximilien, qui est un jeune membre du GAP47

Ce jeudi, des enfants de l’école de Calonges sont venus me voir. Je commence à être connu à l’extérieur. Le 26 juin j’ai ma première page sur le site du GAP47, dans une section spéciale. Champagne !

 


Début juillet

Avec l’arrivée des vacances d’été et des difficultés à s’occuper en permanence du blob, il est décidé de le remettre en dormance, sous la forme de sclérotes.

C’est facile, il suffit de le mettre au régime sec. Comme il s’est beaucoup développé il a été possible de le découper en plusieurs morceaux qui feront autant de blobs lors du réveil. Il faisait environ 100 cm².

Les questions qui intéressent les chercheurs sont variées :

  • Quelles seront les réactions du blob face aux rayons cosmiques et à l’impesanteur ?
  • Comment va-t-il s’organiser dans un espace en 3 dimensions, lui qui a l’habitude d’arpenter les surfaces 2D de son environnement terrestre ?
  • Sa capacité à s’organiser dans l’eau, un autre environnement 3D, pourrait-elle lui être utile ?

 


Fin Août

A bord de l’ISS, Thomas Pesquet commence son propre “élevage” d’un blob, un peu en avance sur les élèves des classes partout en France. Il nous en parle ici :

Il nous montre l’arrivée de son kit avec 4 blobs à l’intérieur d’une boite. L’expérience à bord de l’ISS se fera du 02 au 09 Septembre. L’observation de l’évolution des blobs se fera à travers une caméra intégrée au kit a raison d’une photo toute les 10 mn durant toute la période de l’expérience.

Ses résultats seront publiés en octobre et tous les blobs des écoles, collèges et lycées auront hâte de découvrir ses résultats. Le blob de l’espace sera-t-il différent des blobs qui auront grandi sous l’influence de la gravité terrestre ?

Suite à cette nouvelle, je décide de ressortir quelques sclérotes (une bonne dizaine) de mes tiroirs. Et c’est parti pour un réveil collectif.

La fabrication de gélose avec l’agar-agar ainsi que le nourrissage et la manipulation des blobs n’a plus de secrets pour moi ; le développement s’accélère. J’en profite pour mesurer sa vitesse. Un des blobs a atteint la vitesse de 1,5 cm en une heure.


Fin  Septembre

Je procède à quelques expériences.

Expérience  1 : L’arrêt volontaire du nourrissage qui confirme qu’au bout de 4 jours de jeûne Blap 47 escalade le bord de la boite de Ferrero – Rocher, puis le couvercle dans le but d’aller cherche sa nourriture ailleurs.

  Le Blap47 est prêt à sortir de sa boîte pour aller chercher de la nourriture ailleurs

Expérience 2 : les colorants alimentaires. Test 1) : du bleu mélangé avec la gélose .

Quand il se déplace on voit que le blap47 reste jaune, malgré la couleur bleue de la gélose

Test 2) : du rouge sur les flocons d’avoine  .

Comme pour le couleur bleue, la coloration des flocons d’avoine en rouge ne modifie pas la couleur jaune du Blap47

Ces deux tests montrent que le liquide à l’intérieur du réseau veineux du blob est resté jaune. Je précise au passage que le blob ne mange pas les flocons d’avoine mais les bactéries développées à la surface de la céréale conséquence de son humidification au moment du nourrissage par quelques gouttelettes d’eau, et de l’humidité de la gélose qui fait office de substrat. Donc il ne réagit pas comme une plante. Par exemple, il faut mettre de l’ardoise au pied d’un hortensia pour avoir des fleurs bleues. Et on peut colorer des fleurs coupées (jonquilles, par exemple) en les gardant dans un vase rempli d’eau colorée.

 

Expérience 3 : le jeu du labyrinthe : échec

Le labyrinthe : Avec le kit envoyé par le labo, il y a un double petit labyrinthe. Le but est de placer un blob au départ de chaque branche du labyrinthe et de mettre les flocons d’avoine à l’arrivée commune aux deux labyrinthes. Mes deux blobs n’ont pas respecté les règles du jeu ! Ils sont passés par-dessus les bords de la structure et ont erré en dehors du labyrinthe. Je les ai donc nourris à leur proximité pour éviter un dépérissement certain. Résultat : échec au jeu du labyrinthe.

Le blob en bas à droite et la nourriture en haut 


Octobre

La Fête de la Science 2021 a été l’occasion d’une nouvelle présentation du blob à des élèves de primaire.

Pour ces journées de la Fête de la Science, je n’étais pas seul à connaître le succès. Mes nombreux frères m’accompagnaient.

Les élèves de primaire observent les blobs de Jean-Luc et écoutent ses explications

Complément :

Comment s’est passée la mise en place de l’expérience dans les établissements scolaires :