L’ESO (European Southern Observatory) est l’Observatoire Européen Austral, au Chili.
L’astronomie est souvent décrite comme la plus ancienne des sciences et il ne fait aucun doute qu’un regard vers la majestueuse Voie Lactée – lorsque par une nuit claire on la voit s’étendre dans le ciel – a dû être de tout temps une source d’inspiration pour les peuples de toutes les cultures. Aujourd’hui, l’astronomie s’impose comme l’une des sciences les plus modernes et les plus dynamiques, pour laquelle les technologies les plus avancées et les techniques les plus sophistiquées sont mises à disposition des scientifiques. Aujourd’hui l’astronomie est dans une période très excitante : grâce au progrès technologique, nous pouvons étudier des objets situés aux limites lointaines de notre Univers et détecter des planètes en orbite autour d’étoiles autres que notre Soleil. Nous pouvons commencer à répondre à une question fondamentale qui nous fascine tous : sommes-nous seuls dans l’Univers ?
L’Observatoire Européen Austral (ESO) est la plus importante organisation scientifique et technique intergouvernementale. Il conduit un ambitieux programme basé sur la conception, la construction et la gestion d’équipements d’observation au sol pour l’astronomie permettant d’importantes découvertes scientifiques. L’ESO joue également un rôle moteur dans la promotion et l’organisation de la coopération de la recherche en astronomie.
L’ESO gère trois sites uniques d’observation de classe internationale répartis dans la région chilienne du désert d’Atacama : La Silla, Paranal et Chajnantor et bientôt (2024) un quatrième au Cerro Armazones
1 – Le premier site de l’ESO est celui de La Silla, situé à 2 400 mètres d’altitude à 600 km au nord de Santiago du Chili. Ce site est équipé de plusieurs télescopes observant dans le visible et dont le diamètre des miroirs va jusqu’à 3,60 mètres. Le télescope NTT (New Technology Telescope) de 3,50 mètres a été une véritable innovation en matière de conception et d’ingénierie pour les télescopes. Ce fut le premier télescope au monde à avoir un miroir primaire contrôlé par ordinateur (optique active), une technologie développée par l’ESO et maintenant utilisée sur la plupart des autres grands télescopes au monde. Le télescope de 3,60 mètres de l’ESO est actuellement équipé de l’instrument le plus performant au monde pour détecter des planètes extrasolaires : HARPS (High Accuracy Radial Velocity Planet Searcher), un spectrographe d’une précision inégalée.
2 – Le deuxième site de l’ESO est celui du Cerro Parnal. Alors que La Silla reste au premier plan de l’astronomie et occupe toujours la seconde place des observatoires astronomiques au sol en termes de production scientifique, le site de Paranal, à 2 600 mètres d’altitude, avec le VLT, un ensemble de 8 télescopes, qui est l’installation maitresse de l’astronomie européenne. Paranal est situé à environ 130 km au sud d’Antofagasta au Chili, à 12 km de la côte pacifique, dans une des zones les plus arides sur Terre. Les activités scientifiques y ont débuté en 1999 et ont débouché sur de nombreux programmes de recherche couronnés de succès.
Le VLT est un groupe de télescopes des plus originaux basé sur les dernières technologies. En fait, il ne s’agit pas d’un télescope, mais d’un réseau de quatre Télescopes, chacun équipé d’un miroir primaire de 8,20 mètres de diamètre. Avec un seul de ces télescopes, il est possible d’obtenir avec une pose d’une heure, des images d’objets célestes très peu lumineux, jusqu’à la magnitude 30. Cela correspond à des objets qui sont quatre milliards de fois moins lumineux que ce qui peut être vu à l’œil nu.
Le VLT a également quatre Télescopes Auxiliaires (AT) mobiles complémentaires de 1,8 mètre. La possibilité d’utiliser le VLT comme un interféromètre géant (VLT Interferometer ou VLTI) en combinant la lumière de plusieurs de ses Télescopes ou des Télescopes Auxiliaires, est une des caractéristiques les plus sensationnelles du VLT. Dans une telle configuration, le télescope a une vision aussi précise qu’un télescope dont la taille correspondrait à la distance entre les miroirs les plus éloignés, soit jusqu’à 200 mètres dans le cas du VLTI avec les Télescopes Auxiliaires.
Chaque année, environ 2000 demandes sont déposées pour utiliser les télescopes de l’ESO, ce qui impliquerait de pouvoir disposer de quatre à six fois plus de nuits que ce qui est disponible actuellement. L’ESO est l’observatoire astronomique le plus productif au monde et permet chaque année des publications scientifiques de haut niveau (dans des revues à référés) : sur la seule année 2013, plus de 840 articles référencés, réalisés à partir des données de l’ESO, ont été publiés. De plus, les articles de recherche réalisés à partir de données du VLT sont globalement cités deux fois plus souvent que la moyenne. La très grande efficacité des « machines scientifiques » de l’ESO génère désormais d’énormes quantités de données à une vitesse très élevée. Elles sont stockées dans les archives permanentes au siège de l’ESO. Les archives contiennent maintenant plus de 10 millions d’images ou spectres avec un volume total d’environ 200 téraoctets (200.000.000.000.000 octets) de données. Cela correspond à un volume d’environ 90 millions de livres de 1.000 pages chacun, qui occuperaient plus de 3.000 kilomètres de rayonnages !
3 – Le troisième site de l’ESO est celui du Llano Chajnantor.
ALMA (Atacama Large Millimeter/submillimeter Array), le plus grand projet d’observatoire astronomique terrestre existant actuellement, est un équipement révolutionnaire pour le monde de l’astronomie. ALMA est composé d’un réseau de 66 antennes géantes de 12 et 7 mètres de diamètre observant dans les longueurs d’ondes millimétrique et submillimétrique. ALMA a commencé les observations scientifiques en 2011 et a été inauguré en 2013. ALMA est installé sur le haut plateau de Chajnantor, à 5.000 mètres d’altitude, l’un des sites les plus hauts du monde pour un observatoire astronomique. ALMA est un partenariat entre l’ESO (représentant ses Etats Membres), le NSF (USA) et le NINS (Japon) avec le NRC (Canada) et le NSC et l’ASIAA (Taiwana) et le KASI (Corée du Sud) en collaboration avec la République du Chili. L’Observatoire commun ALMA (JAO pour Joint ALMA Observatory) est géré par l’ESO l’AUI/NRAO et le NAOJ.
APEX (Atacama Pathfinder EXperiment). Chajnantor accueille également le télescope millimétrique et submillimétrique de 12 mètres de diamètre APEX exploité par l’ESO pour le compte de l’Observatoire Spatial d’Onsala (OSO), de l’Institut Max Plank pour la radioastronomie et de l’ESO lui-même.
4 – Le quatrième site de l’ESO sera celui du Cerro Armazones.
La prochaine étape après le VLT est de construire le télescope géant (ELT) observant dans le visible et l’infrarouge avec un miroir primaire de 39 mètres de diamètre. L’ELT sera « l’œil le plus grand du monde tourné vers le ciel » – le plus grand télescope dans le visible et le proche infrarouge au monde. L’ELT tentera de répondre aux questions les plus brûlantes de l’astronomie actuellement sans réponse. Il révolutionnera peut-être même notre perception de l’Univers, comme l’a fait la lunette de Galilée il y a 400 ans. Le feu vert pour la construction de l’ELT a été donné fin 2014 avec une première lumière prévue pour 2024.
Le Siège de l’ESO est basé à Garching, en Allemagne, près de Munich. C’est le centre scientifique, technique et administratif de l’ESO où les programmes de développement technologique de l’ESO sont mis en œuvre afin de fournir aux observatoires les équipements les plus évolués.